Chers lecteurs,
comme la fois dernière, je vous emmène dans un pays glacé à travers un livre…
« Mes chers garçons,
Un nouveau Noël, j’ai un an de plus, et vous aussi » – p. 36
J. R. R. Tolkien a construit sa renommée sur des ouvrages de fantasy, devenus des classiques du genre. Le petit livre que je vous propose, bien que sorti de la même plume à la même période que Bilbo le Hobbit, est d’une toute autre nature. Il regroupe les lettres envoyées par Tolkien, transformé en Père Noël, à ses enfants, entre 1920 et 1943.
Avec simplicité, et une bonne mesure de fantaisie, il raconte chaque année quelques bribes de sa vie au Pôle Nord. Il revisite et réinvente le monde du Père Noël. La malice qui se glisse entre les pages permet plusieurs niveaux de lectures, pour les petits, et les grands. Voyez plutôt:
« Il semble qu’il y ait plus d’enfants que jamais en Angleterre, en Norvège, au Danemark en Suède et en Allemagne, les pays dont je m’occupe particulièrement (et bien entendu l’Amérique du Nord et le Canada) – sans parler des affaires que je descends au pôle Sud pour les enfants qui espèrent qu’on s’occupe d’eux, bien qu’ils soient partis vivre en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Afrique du Sud ou en Chine. C’est une bonne chose que les horloges n’indiquent pas la même heure dans le monde entier, car je ne pourrais pas en faire le tour, même lorsque mes pouvoirs magiques sont à leur plus haut niveau – à Noël – je peux faire environ un millier de bas à la minute si j’ai tout prévu à l’avance » – p.48
Chaque année, le Père Noël gère ses stocks, et son équipe pour pouvoir livrer les jouets à temps. Il est entouré de l’Ours Polaire, de l’Homme des neiges, son jardinier, et de bien d’autres lutins, oursons, gnomes et autres créatures.
L’Ours Polaire, dont l’imagination est intarissable, est souvent responsable de catastrophes et de nombreuses bêtises qu’il faut réparer: Le Père Noël raconte par exemple que l’Ours a emballé « des blocs de glace à la place des cadeaux, dans les colis destinés aux méchants enfants. Cela aurait pu être une bonne idée, seulement il ne m’a pas prévenu, et certains paquets (avec de la glace) ont été placés dans des magasins chauffés et ont fondu sur les cadeaux des enfants sages ! » – p.57
Comme d’autres personnages, il s’invite souvent dans les lettres qu’écrit le Père Noël et les saupoudre de commentaires qui rendent ces petits textes encore plus vivants.
Le livre est aussi un plaisir pour les yeux : il est rempli d’extraits des lettres originales et de très jolies illustrations dessinées par Tolkien. La reproduction de certaines enveloppes achève de nous plonger dans l’univers des Noëls d’Oxford, chez les Tolkien.
Pour qui veut s’y plonger, le récit, étalé sur plusieurs années, ne se limite pas à une collection d’historiettes amusantes.
Le contexte historique transparait ici et là: la crise des années 30 se dessine, la guerre est évoquée, le Père Noël est inquiet et ses réserves de cadeaux se vident.
Plus les lettres défilent, plus on trouve des traces des écrits fantastiques de Tolkien : il invente de nouvelles créatures comme « un genre très étrange de cheval « dashund » nain », exterminé par les gnomes rouges « au temps d’Edouard IV, environ » – p.79.
Quelques grands faits d’armes, comme les batailles contre les gobelins, venus voler des cadeaux au Père Noël par des tunnels, apportent un souffle épique à l’histoire.
Les lettres se tarissent lorsque les enfants grandissent, et n’ont plus l’âge de suspendre leurs bas à la cheminée. A la même époque, Tolkien commence l’écriture du Seigneur des Anneaux.
Que vous soyez inconditionnels de Tolkien ou non, vous prendrez plaisir à lire ce livre, et pourquoi pas, à le glisser dans un soulier le 24 décembre!
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