Revisiter la bibliothèque de nos grands parents – Pêcheur d’Islande

Bonjour à tous,

Voici enfin un nouveau livre ! Le hasard de mes lectures ne m’a pas permis de vous en proposer plus tôt…

Pierre Loti fait partie de ce grand groupe d’académiciens qui a connu son heure de gloire et a été bien vite oublié. Son nom vous dira certainement quelque chose : il peuple aujourd’hui les bibliothèques de nos parents et grands-parents et échoue bien souvent chez les bouquinistes, sur les rayons d’Emmaüs ou dans les vide-greniers.

J’ai acheté Pêcheur d’Islande sur les conseils de B., qui assure la vente à la librairie chez Emmaüs. Les livres qu’on m’offre ou qu’on me recommande font souvent mes meilleures lectures…

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Le titre pourrait faire croire à un voyage en Scandinavie, campé sur les paysages que l’extraordinaire Lettre à Helga dont je vous parlais l’année dernière. Première surprise : le coeur de cette histoire, c’est Paimpol, ses hameaux et ses villages. Il y a du sel entre les pages, on court le long de la côte déchiquetée en Bretagne nord, on admire la blancheur des coiffes, les intérieurs simples mais bien tenus et les tabliers des jolies grand-mères. On croirait presque à une image d’Épinal, et si le décor est quelque peu folklorique, les histoires des personnages ne le sont pas.

Avec des tournures parfois délicieusement désuètes, Pierre Loti fait revivre pour nous des vies simples dans un monde isolé où le lointain commence à trois villages de Paimpol. Ils ne connaissent pas d’autre région en France, mais pourtant, les pêcheurs ont vu les mers du Sud pendant leur service militaire et naviguent chaque année dans les mers du Nord pour pêcher la morue.

“La flottille des Paimpolais était éparse sur ce miroir tranquille, animant ce désert. Çà et là, paraissaient les petites voiles lointaines, déployées pour la forme puisque rien ne soufflait, et très blanches, se découpant en clair sur les grisailles des horizons. Ce jour-là, ç’avait l’air d’un métier si calme, si facile, celui de pêcheur d’Islande ; – un métier de demoiselle.”

Cet univers n’existe plus, il a été balayé par les révolutions industrielles et le progrès des transports. Pierre Loti évite la tentation de la mélancolie : pas de “c’était mieux avant” dans ce livre ! Il dit ces vies pour ce qu’elle sont : les bretons vivent au rythme des saisons de pêche et de l’appel au service militaire. Les femmes passent le printemps et l’été dans l’attente, et l’automne dans l’inquiétude si les bateaux ne rentrent pas. Leurs vies s’accélèrent en hiver, quand il faut rattraper les mois d’absence et s’aimer avant le prochain départ. Dans chaque famille, on ne compte plus ceux qui ont été emportés par un coup de vent, ou ceux qui se sont noyés face à l’Islande.

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Je pourrais vous parler encore longtemps des personnages attachants de ce livre, parfois naïfs et toujours nobles, mais je préfère vous laisser les découvrir. Pour vous mettre en appétit, voici tout de même un aperçu de petite grand-mère :

“Celle qui dictait – la grande coiffe – releva la tête, cherchant ses idées. Tiens ! elle était vieille, très vieille, malgré sa tournure jeunette, ainsi vue de dos sous un petit châle brun. Mais tout à fait vieille : une bonne grand-mère d’au moins soixante-dix ans. Encore jolie par exemple, et encore fraiche, avec les pommettes bien roses, comme certains vieillards ont le don de les conserver”

Bon week-end à tous et à bientôt !

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3 thoughts on “Revisiter la bibliothèque de nos grands parents – Pêcheur d’Islande

  1. Bonjour Pauline,
    J’ai ce livre dans ma bibliothèque mais n’ai pas le souvenir de l’avoir lu. Je vais donc me pencher sur la question prochainement, surtout que je suis dans une phase “relecture de classiques” : je suis en train de relire La condition humaine de Malraux. J’avais envie de relire Germinal de Zola, mais aussi Crimes et châtiments de Dostoïevski, Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, Une vie de Maupassant…. Tout un programme donc !

    Bonne(s) lecture(s) à toi…

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    1. Bonjour Vanessa !
      Pour moi, c’est forcément une année de classiques puisque je prépare le CAPES de lettres… Je découvre et redécouvre de beaux livres, mais j’avoue aussi garder quelques livres plus légers pour mes moments de détente !
      J’ai adoré les liaisons dangereuses (lues deux fois) et je suis une grande fan de Zola. Pour le moment, Nana et Au Bonheur des dames sont mes préférés mais j’ai aussi beaucoup aimé la Curée.
      Bonne(s) lecture(s)!

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